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Fort Boquerón
au beau milieu de l'implacable Chaco Seco, les vestiges de ce fort témoignent d'un des épisodes les plus meurtriers de la Guerre du Chaco, qui opposa Bolivie et Paraguay pour la possession de ce désert inculte ; un siège au cours duquel la soif fit davantage de victimes que les obus. Munissez-vous d'une gourde.
Découvrez nos 5 photos prises sur la période 2008
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photo 1/5 – Monument boliviano-paraguayen pour la paix
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photo 2/5 – Un palo borracho transformé en tourelle pour franc-tireur
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photo 3/5 – Racine de yvy'a, gorgée d'eau, devant la tuca du commandant bolivien
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photo 4/5 – Le musée, un rien poussiéreux, propose de nombreux clichés d'époque
Quelques mots à propos de la Guerre du Chaco. D'aucun se demanderaient certainement ce qui a bien pu pousser la Bolivie et le Paraguay à engager un demi-million de conscrits pour conquérir ce vaste désert peuplé de quelques tribus indigènes et d'une poignée de Mennonites : le Chaco boréal, qui aujourd'hui encore offre un aspect aride et vaguement monotone, celui de l'écosystème du chaco seco, auquel seuls zoologues, botanistes et quelques touristes aventureux peuvent trouver un certain intérêt.
Au début du XXème siècle, la souveraineté sur cette portion boréale du Chaco (qui par ailleurs s'étend plus au sud jusqu'à Córdoba) n'avait jamais été très clairement définie, et reposait surtout sur de vagues prétentions territoriales de la part de ses riverains : Bolivie (à l'ouest), Paraguay (à l'est), mais aussi Argentine (au sud) et Brésil (au nord). Le Paraguay avait initié dans les années 20 une phase de colonisation du Chaco, grâce à l'immigration d'un contingent de Mennonites venus du Canada, mais sans autre ambition que d'occuper “au cas où” ce vaste territoire qui, à tout le moins, permettait de doubler la superficie du Paraguay.
Mais des enjeux économiques ne tardèrent pas à aviver la gourmandise des Boliviens. Ces derniers, d'une part, étaient privés d'un accès à l'Océan Pacifique depuis leur défaite face aux Chiliens, en 1879 – annexer le Chaco jusqu'au fleuve Paraguay, qui délimite le Chaco à l'est, permettrait donc de se dédommager avec un accès fluvial à l'Océan Atlantique. Et d'autre part, la course au pétrole commençait à faire ses ravages.
La Standard Oil exploitait en effet quelques gisements d'hydrocarbures dans la province bolivienne de Santa Cruz, frange occidentale du Chaco, et supposait que ces gisements devaient pareillement s'étendre sous l'ensemble du Chaco. Une telle rumeur ne tarda d'ailleurs pas à arriver aux oreilles du gouvernement paraguayen, aussitôt incité par la Royal Dutch Shell à faire valoir sa souveraineté sur le Chaco. Ainsi se déclencha en 1932 un conflit pétrolier anglo-hollandais par États sud-américains interposés...
Cette guerre particulièrement meurtrière fit une centaine de milliers de morts. Outre la violence de ponctuels affrontements, qui venaient rompre l'enfer d'une guerre de position campée sur ses tranchées, la soif fut l'une des principales faucheuses de vies humaines. Le siège de Fortín Boquerón en fut le paroxysme.
La Guerre du Chaco, qui reste le conflit militaire majeur du XXème siècle en Amérique Latine, se solda par la défaite de la Bolivie, en 1935. Les deux ennemis étaient à genoux, et le Chaco ne révéla pas la moindre goutte de pétrole.