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El Libertador San Martín

quand les autorités sont en panne d'imagination, il est le meilleur recours pour baptiser ponts, rues ou colonies – la toponymie locale est assurément le meilleur Tombeau de sa gloire, qui du reste doit beaucoup à son rapide exil : en somme, on lui sait gré d'avoir été traîner ses éperons ailleurs... Hommage au renegado magnifique.

Découvrez nos 25 photos prises sur la période 2007-2010

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photo 1/25 – Plaza San Martín, à Retiro (Ville de Buenos Aires)
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photo 2/25 – Plaza San Martín, à Córdoba
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photo 3/25 – Plaza San Martín, à Paraná (Entre Ríos)
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photo 4/25 – Plaza San Martín, à Resistencia (Chaco)
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photo 5/25 – Plaza San Martín, à Azul (prov. de Buenos Aires)
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photo 6/25 – Buste du Libertador devant la gare de Taboada (Santiago del Estero)
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photo 7/25 – Buste du Libertador sur la place centrale de Cusi Cusi (Jujuy)
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photo 8/25 – Insolite représentation de San Martín en vieillard débonnaire, à Palermo (BsAs)
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photo 9/25 – Monument à l'Armée des Andes et statue équestre du Libertador (Mendoza)
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photo 10/25 – Sur les traces de l'Armée des Andes, Rutas Sanmartinianas (Mendoza)
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photo 11/25 – La Posta de Yatasto, siège de la mythique entrevue entre San Martín et Belgrano (Salta)
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photo 12/25 – Le prestigieux corps des Grenadiers à cheval, ou Grenadiers de San Martín
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photo 13/25 – La cathédrale de Buenos Aires, où reposent les cendres de San Martín
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photo 14/25 – Flamme votive et exhortations diverses sur la façade de la cathédrale (BsAs)
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photo 15/25 – La Vierge de Luján et San Martín, icônes nationales (La Boca, BsAs)
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photo 16/25 – Le Théâtre du Libertador San Martín, principale scène de province (Córdoba)
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photo 17/25 – Avenida del Libertador, la grande artère du nord de Buenos Aires, ici km0 à Retiro
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photo 18/25 – La plus fameuse des localités dédiées au Libertador : San Martín de Los Andes (Neuquén)
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photo 19/25 – Le salto et l'île (à gauche) San Martín, à Iguazú (Misiones)
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photo 20/25 – L'autre grand Libertador : Simón Bolívar (Sucre, Bolivie)
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photo 21/25 – Bolívar et Sucre, “patrons” de la Bolivie, encadrent ici Evo Morales (Ibibobo, Tarija)
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photo 22/25 – Statue équestre de Artigas sur la place centrale de Montevideo (Uruguay)
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photo 23/25 – Le Docteur Francia (deuxième à gauche), père du Paraguay (Panthéon aux Héros, Asunción)
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photo 24/25 – Portrait de Manuel Belgrano à la Casa de la Libertad (Sucre, Bolivie)
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photo 25/25La Libertadora Juana de Azurduy, à la Casa de la Libertad (Sucre, Bolivie)

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Plaza San Martín, à Retiro (Ville de Buenos Aires)
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Plaza San Martín, à Córdoba
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Plaza San Martín, à Paraná (Entre Ríos)
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Plaza San Martín, à Resistencia (Chaco)
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Plaza San Martín, à Azul (prov. de Buenos Aires)
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Buste du Libertador devant la gare de Taboada (Santiago del Estero)
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Buste du Libertador sur la place centrale de Cusi Cusi (Jujuy)
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Insolite représentation de San Martín en vieillard débonnaire, à Palermo (BsAs)
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Monument à l'Armée des Andes et statue équestre du Libertador (Mendoza)
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Sur les traces de l'Armée des Andes, Rutas Sanmartinianas (Mendoza)
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La Posta de Yatasto, siège de la mythique entrevue entre San Martín et Belgrano (Salta)
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Le prestigieux corps des Grenadiers à cheval, ou Grenadiers de San Martín
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La cathédrale de Buenos Aires, où reposent les cendres de San Martín
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Flamme votive et exhortations diverses sur la façade de la cathédrale (BsAs)
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La Vierge de Luján et San Martín, icônes nationales (La Boca, BsAs)
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Le Théâtre du Libertador San Martín, principale scène de province (Córdoba)
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Avenida del Libertador, la grande artère du nord de Buenos Aires, ici km0 à Retiro
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La plus fameuse des localités dédiées au Libertador : San Martín de Los Andes (Neuquén)
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Le salto et l'île (à gauche) San Martín, à Iguazú (Misiones)
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L'autre grand Libertador : Simón Bolívar (Sucre, Bolivie)
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Bolívar et Sucre, “patrons” de la Bolivie, encadrent ici Evo Morales (Ibibobo, Tarija)
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Statue équestre de Artigas sur la place centrale de Montevideo (Uruguay)
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Le Docteur Francia (deuxième à gauche), père du Paraguay (Panthéon aux Héros, Asunción)
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Portrait de Manuel Belgrano à la Casa de la Libertad (Sucre, Bolivie)
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La Libertadora Juana de Azurduy, à la Casa de la Libertad (Sucre, Bolivie)
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Localisation : toute l'Argentine

Quelques précisions

En dépit des récentes orientations politiques visant à promouvoir l'origine indigène (Quechua, Aymara, Mapuche, etc.) des peuples sud-américains, le mythe fondateur des États hispanophones actuels, de la Colombie jusqu'au Chili, demeure attaché à la figure du Libertador (Libérateur), ce héros révolutionnaire père des Indépendances nationales.
Un panthéon de Libertadores
Ce titre prestigieux, à la manière de l'imperator romain, n'a aucun fondement institutionnel particulier, mais s'est imposé comme un épithète glorieux accolé au nom des deux principaux protagonistes de l'Indépendance sud-américaine : Simón Bolívar et José de San Martín. Le premier est considéré comme le Libérateur de la Colombie, du Venezuela, de l'Équateur et de la Bolivie, tandis que le second l'est de l'Argentine et du Chili. Le Pérou a adopté les deux conjointement. Quant au Paraguay et à l'Uruguay, ils ont tracé leur chemin différemment.
Antonio de Sucre (principal lieutenant de Bolívar), Bernardo O'Higgins (fondateur du Chili et collaborateur de San Martín), ou encore José Gervasio Artigas (libérateur de l'Uruguay), se voient généralement qualifiés de Libertador aussi, bien que leur rôle ait été moins primordial, de même que d'autres personnages “secondaires” (Belgrano en Argentine, Santander en Colombie, Santa Cruz au Pérou, Francia au Paraguay, Hildago au Mexique, Martí à Cuba, etc. ; mention spéciale pour La Libertadora Juana de Azurduy en Bolivie ; sans oublier celui que l'on nomme plutôt El Precursor – le Précurseur : Francisco de Miranda).
Nous nous attacherons bien évidemment ici à la figure du Libertador “argentin” José de San Martín, tout en gardant un élément de comparaison avec son homologue et rival Bolívar.
San Martín, un enfant du pays ?
La paire de guillemets dont nous affublons l'adjectif “argentin” est une précaution importante : José de San Martín, en effet, est né en 1778 à Yapeyú (Province de Corrientes) de parents espagnols – son père, né en Espagne, est arrivé au Vice-Royaume du Río de la Plata en 1764, pour y être administrateur colonial ; sa mère est également Espagnole. Le ménage San Martín déménage à Buenos Aires en 1781 puis regagne définitivement l'Espagne en 1783, où les parents de José mourront respectivement en 1796 et 1813, avant que la destinée de leur fils ne prenne son essor fulgurant.
Il va sans dire que les parents de San Martín n'eurent jamais le sentiment d'être “Argentins” : ni le terme, ni même la notion, n'existaient à l'époque –ils ne cessèrent jamais d'être Espagnols. Quant à leur fils, né en territoire américain, fut-il pour autant un criollo ? Certainement pas, car son environnement familial était résolument, encore une fois, espagnol. Aussi, lorsque la famille s'embarque pour l'Espagne en 1783, José a presque 6 ans – est-ce un âge auquel le sentiment national a une quelconque réalité, à une époque ou la notion même de “nation” est un concept très vague fondé essentiellement (dans le cas espagnol) sur l'identité linguistique ?...
1783 est d'ailleurs l'année de naissance de Simón Bolívar. Celui-ci, à l'inverse de San Martín, est un authentique criollo : sa famille est implanté à Caracas (capitale de l'actuel Venezuela) depuis plusieurs générations. Il fait toute sa scolarité à Caracas, avant de partir parfaire son éducation à Madrid, en 1798 – il a 15 ans. Il se marie, puis rentre à Caracas en 1802, avant de retourner en Europe l'année suivante et de rentrer à nouveau en 1806. Les séjours de Bolívar sur le Vieux Continent sont des voyages d'initiation, placés sous le signe du dilettantisme.
Soldat de Sa Majesté
San Martín est chez lui en Espagne. Il a intégré une académie militaire espagnole et fait ses classes puis ses premières campagnes – bientôt éclate la Révolution Française, puis c'est l'invasion de l'Espagne par les troupes napoléoniennes (1808). San Martín a 30 ans et sa carrière s'accélère au fur et à mesure de la résistance anti-française. Dans les rangs de l'armée royale, l'heure est à l'éclosion du patriotisme espagnol. Bolívar, pendant ce temps, est au cœur des premiers évènements révolutionnaires qui éclatent à Caracas en 1810, et ses sentiments patriotiques vont déjà au futur Venezuela. Deux situations on ne peut plus contrastées : San Martín et Bolívar sont-ils donc appelés à lutter l'un contre l'autre, pour l'Espagne et pour l'Amérique ?
Aspirations américaines
C'est là le premier moment crucial de la vie de San Martín, ce tournant historique qui va faire prendre conscience à cet Espagnol de son attachement pour un pays lointain, le Río de la Plata, qu'il ne connaît qu'au travers de non moins lointains souvenirs d'enfance... Comment cette mutation s'opère-t-elle ? Tout d'abord, San Martín fréquente les loges maçonniques où de véritables criollos tiennent des discours résolument autonomistes, voire indépendantistes ; c'est cette aspiration libertaire, et les perspectives de gloires lointaines, qui semblent avoir convaincu l'enfant de Yapeyú que son sang espagnol pesait peu au regard d'aussi nobles idéaux. Sa nouvelle vocation est tout à la fois une sorte de pari fou, d’engouement intellectuel et de fascination sensorielle. Qu'on se le dise (quand bien même les manuels scolaires le taisent) : San Martín n'est pas né Argentin – il le devient.
S'en suivent les premiers jalons de sa gloire future : San Martín déserte ni plus ni moins l'Armée Royale, puis, avec la complicité des Anglais, si prompts à aider tous les ennemis de ses rivaux coloniaux (ce qui est plus simple que de les combattre soi-même – voir à ce sujet l'échec des deux Invasions Anglaises de Buenos Aires), il s'embarque pour la capitale du Río del Plata, où il débarque au début de l'année 1812.
Premières passes d'armes dans le Río de la Plata
1812. Tandis qu'à Caracas Bolívar essuie les pots cassés après l'échec de la Première République, livre Miranda (Le Précurseur) aux Espagnols, et s'exile en Colombie (où les insurgés tiennent bon), d'où il publie son retentissant Manifeste de Carthagène, San Martín, lui, adopte une attitude plus discrète dans la Buenos Aires de la Revolución de Mayo, fraîchement affranchie de l'administration espagnole –même s'il n'en conduit pas moins, avec Carlos de Alvear (son acolyte franc-maçon), la rapide et pacifique révolution d'octobre 1812 qui impose le renouvellement du Triumvirat.
Intégré dans l'armée révolutionnaire au grade de Lieutenant-colonel, il crée le corps des Grenadiers à Cheval, et réalise son premier exploit militaire personnel en repoussant une tentative de débarquement espagnol à San Lorenzo (Province de Santa Fe), le 3 Février 1813 (la première des grandes dates sanmartiennes).
Gestation d'un coup de génie
Fort de ce succès, il est nommé à la tête de l'armée du Nord, en remplacement de Belgrano qui ne parvient pas à repousser les troupes espagnoles descendues du Pérou. C'est l'occasion de la fameuse entrevue de la Posta de Yatasto (janvier 1814) entre les deux hommes. Très vite, San Martín réalise à quel point la stratégie d'un affrontement avec les Espagnols au cœur des Andes boliviennes (la route de Lima, bastion des royalistes) est vouée à l'échec : cette région n'est pas entièrement acquise à la cause révolutionnaire, son contrôle relève d'une tâche impossible dans le labyrinthe des vallées et des cordillères, l'arrière-pays de Jujuy et Salta n'est plus en mesure de supporter un effort de guerre constant.
San Martín décide donc d'abandonner ce front, dont il confie la garde au Général Güemes, à charge pour lui d'endiguer toute offensive espagnole par des actions de guérilla. Quant à San Martín, ses plans le conduisent à 1000 kilomètres de là, à l'extrême sud des territoires alors contrôlés par Buenos Aires (plus au sud s'étend la Patagonie, livrée aux peuples nomades) : Mendoza. Nommé Gouverneur du Cuyo par les autorités de Buenos Aires, qui ont approuvé son plan, il met toutes les ressources économiques et humaines de la province au service de son incroyable projet : traverser les Andes là où l'ennemi ne l'attend pas, là où la Cordillère est la plus mince, et aller porter la guerre sur le littoral du Pacifique, où aucun obstacle naturel ne se mettra en travers de la route de Lima.
La Campagne libératrice
En janvier 1817, l'Armée Libératrice des Andes entreprend la traversée de la Cordillère, surpassant les exploits de ses prédécesseurs alpins Hannibal ou Napoléon. Bolívar, lui, réalisera une prouesse similaire deux ans plus tard, en franchissant la Cordillère Orientale colombienne pour libérer Bogotá depuis le Venezuela.
Nous n'allons pas détailler ici toutes les péripéties de cette campagne brillante, faite de nombreuses victoires (Maipu, Chacabuco) et de rares défaites (Cancha Rayada), qui conduit à la seconde et définitive Indépendance du Chili (12 février 1818). Après quelques tergiversations politiques, San Martín s'embarque avec son armée en août 1820, à Valparaiso, direction le Pérou. Il y débarque en septembre, près de Pisco. Après de laborieuses et vaines tractations, suivies d'une campagne éclair, San Martín s'empare de Lima. L'Indépendance du Pérou est proclamée le 28 Juillet 1821, et San Martín en est nommé Protecteur omnipotent, en même temps qu'il reçoit le titre de Libertador. Mais il reste à libérer l'intérieur du pays, ainsi que le Haut-Pérou (future Bolivie) qui attend toujours son heure depuis que les offensives ont cessé sur le front de Jujuy-Salta.
C'est à ce moment que nous retrouvons Bolívar... Au terme d'une campagne non moins brillante que celle de San Martín, celui qui porte également le titre de Libertador (mais depuis 1813) vient de libérer la Grande Colombie et se trouve aux portes du Pérou. Les deux hommes, qui ne se connaissent pas, décident de s'entretenir des destinées du continent et se rencontrent à Guayaquil (Équateur), le 26 Juillet 1822. Quand deux Libertadores se rencontrent, qu'advient-il ?
La rencontre de Guayaquil
C'est là l'une des plus grandes énigmes de l'Histoire sudaméricaine, un tournant décisif dans la vie de San Martín, et – sans doute – un incroyable bouleversement du jeu politique argentin pour les décennies à venir. On ne connaît pas la teneur de l'entretient – on suppose que Bolívar, dont les troupes stationnaient autour du campement, a exercé une pression terrible sur cet allié encombrant, tandis que ce dernier, clairvoyant et profondément désireux d'éviter toute confrontation entre patriotes américains, n'a pas cherché à tirer la couverture à lui. Conscient que les vues panaméricaines de Bolívar se heurteraient tôt ou tard à l’incompréhension et au rejet de peuples déjà trop différenciés, San Martín a joué la carte de l'abnégation pragmatique contre celle de l'idéalisme aveugle.
La renonciation et l'exil
Au terme d'une entrevue qui ne dure pas plus d'une heure et demi, San Martín quitte Guayaquil, rentre au Pérou et, le 24 août, il se démet de ses fonctions civiles et militaires. En janvier 1823, il est de retour à Mendoza, puis il se rend à Buenos Aires où sa femme vient de mourir. Aussitôt incriminé par les gouvernants portègnes, auxquelles il a désobéi à plusieurs reprises au cours de son équipée transandine, il est également pris à parti par les factions rivales des Unitarios et des Federales qui, dans le Río de la Plata comme dans la plupart des autres Nations récemment libérées, commencent à s'entretuer pour deux conceptions opposées de l'État en gestation.
Le 10 Février 1824, San Martín s'embarque pour l'Europe, profondément désillusionné sur l'avenir des Nations qu'il a contribué à libérer. Il ne foulera jamais plus le sol natal. Le même jour, Bolívar est nommé Dictateur du Pérou, avec la mission de venir à bout des derniers bastions espagnols ; ce sera chose faite avant la fin de l'année. Fin 1824, l'Amérique du Sud est indépendante.
Alors que Bolívar triomphe, recevant sa plus belle consécration dans l'adoption par le Haut-Pérou du nom de “Bolivie”, alors que le seul Libertador encore en lice exerce les fonctions suprêmes dans tous les États que ses campagnes ont libérés, alors qu'il croit plus que jamais à la prochaine concrétisation d'un seul et unique État de Grande Colombie englobant tout le Continent depuis l'isthme de Panamá jusqu'au Désert d'Atacama, et peut-être au-delà – San Martín, lui, erre sur les chemins de l'exil, de l'Écosse à la Belgique, pour finalement s'installer à Grand Bourg, dans la campagne parisienne (aujourd'hui dans l'agglomération d'Évry).
Opportunités manquées et rêves brisés
Mais à défaut de s'inverser, ces deux destinées vont bientôt converger vers un même climax au tournant des années 30. En mars 1829, tandis que les Provinces Unies du Río de la Plata (future Argentine) sont plus désunies que jamais et sombrent dans la guerre civile, San Martín tente de saisir sa chance : il traverse l'Atlantique et mouille dans le port de Buenos Aires ; le Général Lavalle (Unitario) est alors maître de la ville, après avoir capturé et fait fusiller son rival le Général Dorrego (Federal). Il envisage de nommer San Martín à la tête de la puissante Province de Buenos Aires, espérant que la gloire (enfin reconnue) du Libertador conciliera l'inconciliable. Mais celui-ci n'est pas dupe de ses propres capacités, et se refuse une nouvelle fois à alimenter la guerre civile. Il repart en Europe, non sans avoir attendu trois mois à Montevideo que le panorama politique évolue –en vain. Son occasion manquée, la destinée de San Martín s'en retourne à la mélancolique banlieue parisienne.
Pour Bolívar, 1830 est également une année décisive – non moins lamentable. Depuis quelques années, les luttes intestines se multiplient entre les différentes entités de sa Grande Colombie, et son autorité est bafouée, voire ouvertement attaquée, dans la plupart des États, au point que ceux-ci en viennent à s'entre-attaquer militairement. Il a dû renoncer aux magistratures suprêmes du Pérou et de la Bolivie. En 1830, les déclarations d'indépendance du Venezuela et de l'Équateur mettent fin à la Grande Colombie. C'en est trop pour le malheureux Bolívar qui meurt à la fin de l'année, le 17 décembre 1830.
Mort et postérité du “Renegado magnifique”
San Martín lui survivra près de vingt ans. Vingt ans durant lesquels il végétera paisiblement à Grand-Bourg puis, au moment des évènements de 1848, à Boulogne-sur-Mer, sa dernière résidence. Il recevra quelques visites, dont celles, assidues, du jeune Sarmiento (futur Président de la Nation et fondateur de l'Argentine moderne) dans les années 45-48. Il meurt à Boulogne-sur-Mer le 17 août 1850.
La postérité de San Martín est d'autant plus intéressante qu'elle renoue avec la question de la nationalité, que nous avons soulevée au début de cette brève biographie. Né Espagnol, San Martín meurt citoyen des Provinces Unies du Río de la Plata, si tant est que celles-ci existent encore en 1850 – la guerre civile y fait rage, et Rosas tente d'imposer sa conception d'une Confédération Argentine. La nationalité “argentine” n'existe pas davantage en 1850 qu'en 1778. Tout au plus s'agit-il d'un régionalisme dont on affuble les riverains de l'estuaire du Río de la Plata.
Mais lorsque les guerres prennent fin, à partir des années 1860, les présidents Mitre, Sarmiento puis Avellaneda vont s'employer à bâtir une Argentine moderne et à lui inventer une véritable identité nationale. San Martín sera un des piliers de cette nouvelle conception. Mitre, historien émérite, publie une Histoire de San Martín et de l'émancipation américaine (1887-1890) qui s'impose aussitôt comme un évènement historiographique majeur ; Sarmiento, qui fréquenta jadis le vénérable exilé, met en place une politique éducative massive pour promouvoir le nouvel idéal national, et place San Martín au cœur des programmes ; Avellaneda organise le retour des centres du Libertador à Buenos Aires, en 1880. En 1862, on inaugure la première statue équestre d'Argentine, celle de San Martín, sur la place qui porte son nom à Retiro (Buenos Aires) – s'en suivront des dizaines d'autres dans tout le pays.
Aujourd'hui, San Martín est le héros principal du panthéon argentin. Le 17 août, bombardé “Jour du Passage à l'Immortalité du Libertador Général San Martín”, est férié. Dans l'imaginaire collectif, il demeure ce brillant général qui bouta les Espagnols hors du Cône Sud, un chef de guerre qui eut put devenir un Napoléon, à l'instar de Bolívar, mais préféra renoncer à ses ambitions, et à sa patrie, pour préserver (en vain) la paix. Un militaire vertueux et stoïque qui se défia de la politique et des hommes politiques. L'image même de la désillusion, de la défiance et de la résignation, trois symptômes de la dépression généralisée que connaissent actuellement les Argentins en ces interminables années de crise, et qu'eux-mêmes résument complaisamment en se qualifiant de renegados. Mal du siècle ou tempérament congénital ? San Martín et le tango avaient déjà l'amertume du maté...
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