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“Un parfum de Weißwurst”

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Pour un week-end dépaysant, rien de tel que d'aller faire un tour à La Cumbrecita, petit patelin de montagne juché sur le rebord du Valle de Calamuchita, au pied des Altas Cumbres.
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Dépaysant... ou plutôt repaysant, si l'on considère le point de vue de deux Européens : dès l'entrée du village, le ton est donné d'une couleur “locale” importée d'Allemagne.
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Sur le typique mât de Mai, l'Argentine, comme de bien entendu, ne fait pas mystère de son penchant "atlantiste”, et s'incruste naturellement dans le folklore européen.
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Ce chalet battant pavillon bavarois n'arbore hélas pas les plantureuses jardinières de géraniums ; mais un tri sélectif en 5 poubelles, sous la terrasse, bluffe les Argentins : le recyclage, ça c'est exotique !
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Fondée en 1934 par un ingénieur allemand détaché à Buenos Aires par Siemens, la colonie s'est vue dotée d'une chapelle en 1967, consacrant ainsi un pastiche alpin du meilleur goût.
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Les forêts de pins, peu communes sous ces latitudes, sont le résultat d'une patiente forestation entreprise dès les années 30. Et oui : même la végétation est kitsch, ici.
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La commune joue d'ailleurs à fond la carte de la touche alpine, puisque l'on peut visiter la Peña del Aguila, parc d'attraction avec tyroliennes et spectacles folkloriques d'Europe Centrale ;
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la parodie de petit train qui dessert le site donne toute la mesure de cette mascarade, qui enthousiasme cependant des foules de Cordobais extasiés. Nous on a déjà donné à l'Oktoberfest de Villa Belgrano...
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[Petit flash-back, retour sur les lieux du drame : la Fête de la Bière de Villa General Belgrano, octobre 2007 – notre premier week-end à Córdoba ; désœuvrés, nous étions tombés dans le panneau de cette comédie costumée ;
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tandis que défilaient toute une série de communautés européennes, des Bavarois aux Tchèques, en passant par les Belges ou les Ukrainiens, une valse de joyeux drilles se succédaient sur l'estrade pour donner le ton – les Biermusikanter se déchaînaient !
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puis cette grand-messe de la bière avait culminé en une beuverie eucharistique pleine de suspens et de rebondissements, tant le percement du fût avait été sujet à de multiples contretemps. Un beau spectacle. Fermons la parenthèse.]
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Retour au temps présent, sur les hauteurs de La Cumbrecita, partie un peu avachie et très rocailleuse des Altas Cumbres de la Sierra de Córdoba.
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Faute de balisage et de pancartes, en dépit de quelque cairn isolé, il faut recourir au GPS et partir à l'aveuglette par l'un des nombreux sentiers de mule qui quadrillent le massif.
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La balade réserve quelques trépidantes surprises : ainsi cette anfractuosité, violemment peinturlurée aux couleurs argentines, ne manque pas de captiver notre attention,...
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...encore que cette attraction soit sans doute moins ébouriffante qu'une tyrolienne lancée à plein pot au travers d'un ravin. C'est une question de tolérance aux sensations fortes.
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Du reste, notre randonnée improvisée est pour le moins aventureuse : ici, le sentier disparaît dans de dangereux marécages, infestés d'organismes carnassiers et de miasmes voraces ;
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là, il faut lutter contre les éléments déchaînés et se frayer un passage à la force des bras, mouvoir des montagnes, déplacer des océans, pourfendre des continents.
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Sans compter les terribles précipices, les gorges sans fond, les crevasses infernales dont nous nous jouons – je dois l'avouer – avec une certaine aisance et beaucoup de panache !
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Oserai-je enfin mentionner les bêtes féroces qui rodent dans les parages, et peuvent à tout moment surgir et vous sauter à la gorge ? Non, vraiment, ça va bien que nous sommes de preux aventuriers...
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Oui, oui, c'est bien ça, vous ne rêvez pas : nous sommes sur le tournage du dernier Indiana Jones, je m'apprête à faire une cascade, sans doublure, mais comme il fait chaud j'ai enlevé mon Stetson.
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Ta-tatata ! Ti-Dada ! Intrépides, nous filons vers de plus grands dangers encore, prêts à affronter les terribles cataractes de la mort de la peur du diable etc. On n'a pas le choix : les moutons nous poursuivent.
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Emportés par la force cyclopéenne du courant, nous dérivons à toute allure vers le gouffre mugissant où le fleuve déchaîné se précipite tel le Styx au Royaume des Morts. Fureur. Fracas. Flop.
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Le terrible bouillonnement du flot mortel enveloppe et aspire les naufragés, happés par l'onde maligne vers les noirs abysses, ils se débattent bravement contre vents et marées. Buvant la tasse, je sombre.
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Dans un acte éblouissant d'héroïsme, Nico n'écoute que son devoir et, d'une pirouette gracieuse, s'élançant de la proue de notre galion, il plonge dans l'abîme furieux, ricochant sur les rocs acérés.
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Lorsque, brisés et vermoulus, nous échouons sur le rivage escarpé de quelque lointaine Colchide {dont les prés fleurissent à la fin de l'été}, c'est pour lutter derechef contre une horde de Vandales,...
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...et parvenir, au prix de mille combats épiques, à s'emparer de la flamboyante Toison d'Or, trophée inestimable qui fera une magnifique descente de lit ou un poncho du dernier cri.
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Tous ces exploits nous ont ouvert l'appétit, et nous rentrons à La Cumbrecita, où nous nous attablons autour d'un apfelstrudel pantagruélique : en Argentine, melting-pot rime avec ras-la-glotte !

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