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“OVNI soient qui mal y paissent”
1 Nous voici sur les hauteurs de La Falda, haut-lieu touristique du Valle de Punilla, armés de pied en sac pour une petite randonnée dans la Sierra Chica. |
2 Objectif : le Cerro de la Banderita, un sommet replet de 1360 mètres d'altitude, histoire de se dégourdir les pattes. |
3 En chemin, nous déboulons sur le terrain de jeu d'une troupe de chevaux à demi sauvages, qui badaudent placidement sur le sentier ; |
4 si certains sont visiblement trop occupés à se goinfrer, et à chasser les mouches, pour nous prêter un semblant d'attention,... |
5 ...d'autres, en revanche, la touche rebelle et les naseaux impudents, nous dévisagent effrontément. |
6 Il faut parfois s'expliquer longuement avec les riverains, un tantinet obstinés, pour pouvoir poursuivre notre route. |
7 Au bout d'une bonne heure, laissant dernière nous un première éminence coiffée d'une remarquable antenne radio,... |
8 ...nous atteignons le sommet de La Banderita, agrémenté d'une carcasse de parabole et d'une éolienne poussive. Belle récompense. |
9 A l'horizon, l'échine de la Sierra Chica est balafrée par les travaux de la route asphaltée qui bientôt reliera Rio Ceballos à La Falda. |
10 Un peu amer, le photographe noie brièvement sa frustration dans la contemplation d'une fleur de cactus. |
11 Le lendemain matin. Après une nuit de repos à Capilla del Monte, nous attaquons derechef une nouvelle ascension, celle de l'Uritorco. |
12 Le point culminant de la Sierra Chica promet des passages plus escarpés que notre petite balade de la veille. |
13 Au fil de la progression en corniche, de beaux points de vue s'ouvrent sur le nord du Valle de Punilla, Capilla del Monte et la retenue d'El Cajón. |
14 Bientôt, passés les 1600 mètres d'altitude, nous débouchons sur de plus amples pâturages. |
15 C'est l'occasion de se livrer à un petit safari botanique, qui décuple la frénésie du photographe,... |
16 ...mais divise la patience de son acolyte par cent. Au bout du quinzième chardon, on attend un miracle. |
17 Celui-ci advient, sans toutefois produire les effets escomptés : une sorte d'alien vorace tombe du ciel et relance la séance-photo. |
18 Puis c'est une grosse abeille qui, nonobstant l'indiscrétion du téléobjectif, butine à cœur joie. |
19 Une quantité prodigieuse de clichés plus tard, l'ascension reprend de plus belle vers la cime. |
20 Et nous parvenons enfin à bout de l'Uritorco et de ses 1950 mètres d'altitude, en un peu plus de deux heures. |
21 Le calvaire de bric et de broc est agrémenté de dizaines de grigris : bracelets, ficelles, pendentifs, étoffes, porte-clefs et autres colifichets. |
22 A l'est, le panorama sur la Sierra Chica est baigné d'ombres mouvantes qui la nimbent d'une certaine surréalité ; |
23 voilà qui alimente le mystère sur ces parages faussement bucoliques, où ufologues et illuminés divers ont coutume d'interpeller les extra-terrestres. |
24 Au bout d'une heure de stop, aucune soucoupe volante n'ayant daigné nous prendre, nous cherchons un moyen de redescendre plus rapidement. |
25 Empruntons la voie des airs ! – L'idée, si tentante, n'est que pure fiction ; ce sont nos mollets qui nous ont ramenés en bas, et nous voici maintenant à Cuchi Corral ; |
26 situé sur le rebord occidental du Valle de Punilla, près de La Cumbre, c'est un haut-lieu du parapentisme mondial. Pour notre part, nous dévalerons cette quebrada1 en auto. 1 Quebrada = ravin, gorge, faille, toute interruption du profil d'une sierra par le passage érosif d'un torrent. |
27 Au pied de la sierra serpente un tranquille ruisseau aux eaux cristallines, le Río Pintos ; une aubaine ! |
28 Nous nous jetons à l'eau sans hésiter, heureux de pouvoir laver les efforts de la matinée dans un endroit aussi charmant. |
29 Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls : à quelques dizaines de mètres de nous, un curieux plaisancier, héron de son état, prend un bain d'échasses. |
30 Puis nous reprenons la route, qui trace de grands segments de terre dans la pampa verdoyante et ondulée ; |
31 nous longeons le pied-mont du Valle de Punilla, qui va en s'affaissant vers le sud jusqu'à se confondre avec notre niveau. |
32 A hauteur de La Falda, nous débouchons sur la Pampa de Oláen, dont les broussaille dorées pâlissent avec les prémisses du crépuscule ; |
33 nous arrivons à l'église de Santa Barbara, perdue au milieu de pâturages scintillants, où le bétail a les coudées franches. |
34 La petite chapelle, apparemment si tranquille, est le cadre d'une procession annuelle attirant des centaines de pèlerins. On a raté le coche. |
35 Sur la route du retour, un barrage de vaches grévistes nous retarde momentanément ; on parlemente, on négocie,... |
36 ...et puis on s'esquive en prenant soin de bien refermer la tranquera. Bravo Nico, tu as obtenu ton brevet de vaquero1 ! 1 Vaquero = vacher, cow boy |