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“IHS – Italiques Hors Service”

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Et José ? Il est où José ? – Bon, désolé, j'arrête : terminus, tout le monde descend !
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Ici comme un peu partout, le réseau ferroviaire est en piteux état, quand il n'est pas à l'abandon ;
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le plus dur est toujours de savoir si les voies sont désaffectées ou non... Ce wagon rouillé incite à penser que oui – à tort.
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Qu'importe. Nous marchons jusqu'au bien nommé Río Guanusacate {terme indigène signifiant “rivière asséchée”} ;
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sur l'autre rive, un crucifix télégraphique signale l'entrée de l'Estancia jésuite de Jesús María, objet de notre venue.
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Hormis deux blancs pilastres, le revêtement de l'église est demeuré inachevé, en raison de l'expulsion des Jésuites en 1767.
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Le cloître, en revanche, est traditionnellement blanchi à la chaux, rehaussé d'une frise colorée.
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Voudrait-elle échapper à ce policier qui m'interroge ? Non, c'est au photographe qu'Olga, notre amie péruvienne, veut se soustraire !
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Les arcades du rez-de-chaussée affichent une sobriété de mise, non dépourvue d'élégance,...
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...tandis que l'étage supérieur présente une mine résolument plus rustique ;
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il conduit à un grand balcon qui surplombe la nef de l'église, elle aussi d'une grande simplicité.
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Parachevant le quadrilatère du cloître, cette annexe abrite un réfectoire, des chambres, des sanitaires {comble de la modernité à l'époque} ;
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côté jardin, sous les arches, la bodega1 : la vitiviniculture florissante de l'Estancia produisait la très renommée “Lagrimilla de Oro” {“Larmichette d'Or”}.

1 Bodega = cave

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Poursuivant le tour du propriétaire, nous contournons le cloître, doublant ce solide contrefort,...
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...et découvrons le campanile de l'église, curieusement en retrait du complexe monastique.
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Sans transition, nous enchaînons à présent avec une autre estancia voisine, celle de Santa Catalina, achevée par les Jésuites l'année même de leur expulsion.
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Comme un pied de nez des repreneurs à l'encontre des pauvres Pères, le monogramme jésuite est surmonté d'une girouette bouffonne.
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A proximité, une bande de placides passereaux donne à cette croix les atours sinistres d'un gibet,...
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...avant de fondre sur le bassin d'agrément pour y chercher un peu de fraîcheur.
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La chaleur en effet est accablante, et sous l'écrasant soleil de quatorze heures la pierre immaculée aveugle les visiteurs.
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Le perron est agrémenté de paravents sophistiqués mais inutiles, tout de volutes et reliefs alambiqués.
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« Ici mourut Zipoli », éminent compositeur italien qui délaissa l'Europe et la gloire pour rentrer dans la Compagnie et se consacrer en musique aux indigènes.
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Nous pénétrons dans l'église, où la blancheur ici encore règne en maîtresse absolue ;
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dans le chœur se dresse un splendide retable en bois doré, dont Saint Ignace et Saint François-Xavier sont les classiques vedettes.
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Ce Christ taillé par des mains indigènes offre une singulière expression d'apathie ;
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son voisin ne semble pas davantage concerné par ce qui l'entoure – la Passion et ses tourments spirituels parlaient sans doute peu à des esprits “biocentriques1”.

1 Les religions précolombiennes sont en effet toutes centrées sur des principes naturels : la terre, le soleil, le vent, etc. L'homme, généralement, n'est considéré que comme un élément secondaire, guère différencié des animaux. Rien à voir avec l'anthropocentrisme des religions du Livre.

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Nous profitons au maximum de la fraîcheur de l'église, avant de rejoindre la sortie où se réverbère la fournaise extérieure.
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Un taxi nous convoie maintenant à Colonia Caroya, dont l'avenue principale, longue de 12 kilomètres, est bordée de 2000 peupliers !
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Nous faisons une halte à la Casa Copetti, dont les tuiles apportent ici une touche d'exotisme ;
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avec sa galerie ombragée, ses motifs floraux qui ornent murs et jardinières, cette demeure fleure bon l'Italie ;
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rien d'étonnant, puisque ce sont des Frioulans qui vinrent peupler cette colonie, fondée en 1878 pour grignoter, à force d'irrigation, l'hostile monte.
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Cette maison, aujourd'hui convertie en musée, rend hommage à ces pionniers de la prospérité argentine – désormais enrayée...
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Sur la route du retour, l'arrière-train d'un car1 complète à merveille cette évocation du melting-pot argentin !

1 « Colonia Tirolesa » {“Colonie Tyrolienne”} est une colonie voisine de Colonia Caroya, fondée par des immigrants autrichiens. La province de Córdoba est, avec celles de Santa Fe et de Buenos Aires, l'une des plus denses en colonies.

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