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Quelques précisions
Ce petit mais ambitieux musée est l'occasion de dresser ici une brève biographie du Général Perón, figure incontournable de l'Histoire argentine, tour à tour adulée et honnie, qui continue de peser sur la vie politique nationale.
L'ascension d'un colonel
Juan Domingo Perón (1895-1974) naît à Lobos, dans la Province de Buenos Aires, où son père est juge de paix. Ce dernier obtient en 1903 sa mutation à Camarones, qui est à l'époque encore plus clairsemée qu'aujourd'hui (et la Province du Chubut n'existe pas encore) ; il réalise ainsi comme qui dirait un vieux rêve de pionnier, désireux d'y vivre, outre de ses fonctions officielles, de l'élevage ovin. Femme et enfants le rejoignent bientôt, et le jeune Juan Domingo y passe ainsi les toutes premières années de son enfance, avant de regagner Buenos Aires pour y suivre sa scolarité au Collège Militaire de la Nation, tout en revenant régulièrement à Camarones pour les vacances.
Gravissant rapidement les échelons de la carrière militaire, Perón accède au grade de colonel des Forces Armées, et entre en politique dans les années 30, lorsqu'il rejoint le Groupe des Officiers Unis (G.O.U.), une loge militaire convaincue de la nécessité de réformer politiquement et socialement l'Argentine, empêtrée dans une expérience démocratique bancale, entachée par de nombreuses fraudes et irrégularités, dans un contexte international marqué par la crise économique et les tensions politiques.
Rien d'étonnant, donc, à ce qu'en 1943 une Revolución, accueillie avec bienveillance (sinon préparée) par le G.O.U., renverse le gouvernement civil de Castillo et instaure une junte militaire, dans laquelle Perón se voit bientôt confier le Secrétariat au Travail. Avec une ferveur que la junte ne lui soupçonnait pas vraiment, Perón, main dans la main avec les syndicats, va aussitôt œuvrer à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière et paysanne, convaincu que c'est là le moteur d'un développement économique et d'une stabilité politique qui permettront à l'Argentine d'asseoir sa prospérité.
La naissance du Péronisme
Ces mesures révolutionnaires s'attirent rapidement la suspicion des classes possédantes argentines, et des responsables de la junte au pouvoir, qui décident d'évincer Perón. Celui-ci est tout bonnement arrêté et emprisonné en octobre 1945. Mais, prenant de court la junte et ses alliés, les classes populaires se mobilisent spontanément pour exiger la libération de celui qui déjà est devenu leur idole – plusieurs centaines de milliers de manifestants marchent sur la
Plaza de Mayo et obtiennent immédiatement la libération de Perón, lequel apparaît bientôt au balcon de la Casa Rosada, consacrant ainsi sa victoire et un changement de cap important dans la gestion politique du pays, désormais confiée à ses partisans au sein de la junte.
Ce 17 octobre 1945 est passé à la postérité comme le Día de la Lealtad (“Jour de la Loyauté”), la fête péroniste ; on le considère également comme la date de naissance du Justicialisme (ou Péronisme), la doctrine politique soutenue par Perón, une mixture entre le socialisme socio-économique et le conservatisme politique (toute similitude avec des doctrines fascisantes européennes serait-elle purement fortuite ? Perón était un admirateur de Mussolini, et il offrit, contre l'avis défavorable des Alliés, l'exil politique à de nombreux criminels nazis).
Le Péronisme au pouvoir
Rapidement, la junte militaire se désengage, et les élections démocratiques qui se tiennent en janvier 1946 voient la victoire écrasante de Perón, qui devient alors Président de la Nation. Il poursuit la politique sociale initiée lorsqu'il était à la tête du Secrétariat au Travail, asseyant le rôle prépondérant des syndicats (notamment la CGT) comme intermédiaires principaux entre l'État et les travailleurs. Cet aspect socialiste (et féministe) du Péronisme s'incarne tout particulièrement dans la figure de la seconde femme de Perón, la fameuse
Évita, égérie des secteurs les plus radicaux du Justicialisme.
Économiquement, Perón nationalise plusieurs pans de l'économie argentine, mais surtout entreprend une industrialisation massive du pays, à coups de plans quinquennaux, afin de passer d'une économie encore tributaire du modèle “agro-exportateur” à une économie dite “de substitution aux importations” : il s'agit de rendre l'Argentine plus autonome vis-à-vis de l'étranger. Mais cette production industrielle largement subsidiée ne saurait intégrer le marché mondial et concurrencer les firmes étrangères, et augure d'un avenir incertain – pour l'heure, la demande internationale pressante en denrées alimentaires, consécutive à la Seconde Guerre Mondiale, dope les exportations agricoles argentines et le budget national.
Politiquement, le gouvernement de Perón se traduit par le respect des formes démocratiques officielles, sans toutefois éviter des pratiques autoritaires visant à politiser l'éducation nationale et l'église catholique, ou à museler l'opposition par des pratiques pas toujours respectueuses des Droits de l'Homme.
Sur le plan international, la politique péroniste, intérieurement équilibrée entre socialisme économique et conservatisme politique, se traduisit logiquement par l'adoption d'une “Troisième Position” louvoyant entre les États-Unis et l'Union Soviétique.
La chute et l'exil
Réélu triomphalement (et démocratiquement) en 1952 avec 62% des votes, son second mandat accuse rapidement le coup d'un essoufflement économique, causé par la baisse des exportations agricoles qui soutenaient encore l'économie nationale. Il faut donc recourir aux capitaux étrangers et geler provisoirement les avantages salariaux des travailleurs. S'en suivent une série de grèves aussitôt réprimées, ainsi qu'un mécontentement de plus en plus fort et déterminé de la part de la classe moyenne argentine, soutenue par les secteurs militaires qui ne tardent pas à passer à l'action, d'une façon pour le moins dramatique.
Le 16 juin 1955, une vingtaine d'avions des Forces Aériennes bombardent un cortège péroniste réuni sur la Plaza de Mayo. Ce coup de force sanglant est contrecarré par les forces armées terrestres encore fidèles à Perón. S'en suit une tentative de conciliation nationale, par laquelle Perón entend instaurer un gouvernement d'union sacrée. Mais les partis d'opposition se refusent à accepter la main tendue. Le 16 septembre de la même année, un second coup d'État militaire renverse Perón pour de bon, qui doit s'exiler immédiatement.
Perón, le retour
A partir de 1955, le Péronisme est proscrit de la scène politique, et l'Argentine vit au rythme de coups d'État à répétition, de la dégradation de la situation économique et de la montée des mouvements de guérilla d'extrême-gauche (dont nombreux se réclament d'Évita, entre-temps décédée, et à travers elle de Perón). La situation devient difficilement gérable, et d'aucuns osent réclamer le retour du “Général”, seul capable à leurs yeux de redresser la barre. Après de laborieuses tractations politiques, Perón rentre en Argentine en 1973 et remporte les élections avec à nouveau plus de 60% des voies.
Cependant, le leader vieilli et “assagi” se coupe rapidement de l'aile la plus à gauche de son parti, les Montoneros, et les mouvements de guérilla marxiste, loin de déposer les armes, durcissent leur lutte contre le Général qui, à leur yeux, les a trahi. La situation économique s'aggrave, et le gouvernail politique échappe aux mains de Perón, qui ne peut s'y cramponner qu'en recourant à une impitoyable répression.
Le Péronisme sans Perón
La mort de Perón en juin 1974 permet au leader de s'en tirer avec les honneurs, ses funérailles donnant lieu à une démonstration populaire colossale démontrant les soutiens que le Général possédait encore dans les milieux modestes. D'ailleurs, le Péronisme n'en reste pas moins au pouvoir en la personne de la Vice-présidente de la Nation et troisième femme de Perón : Isabel Martínez de Perón, qui assume constitutionnellement l'intérim. Son gouvernement toutefois ne parvient pas à redresser la situation générale du pays. Un nouveau coup d'État militaire met un terme à cette seconde expérience péroniste, en mars 1976 – ce sera le tristement célèbre
Proceso de Reorganización Nacional et sa litanie de
desaparecidos.
Le Justicialisme (ou Péronisme), quant à lui, ne réintégrera la scène politique qu'en 1982, avec la chute de la Junte militaire. Depuis lors, c'est l'un des deux principaux partis politiques du pays (avec l'Union Civique Radicale). Son spectre politique est assez indéfinissable, s’étirant du néo-libéralisme de Menem (président de 1989 à 1999) au gauchisme des Kirchner (Nestor et Cristina, qui occupent tour à tour la présidence depuis 2003). Quant à Juan Domingo Perón, il demeure une icône vénérée par des millions d'Argentins, et exécrée par à peu près autant d'autres.
Contacts, horaires, informations diverses
Pour visiter le musée, il faut en chercher le conservateur. Tâche pas toujours aisée. Le mieux est de vous renseigner auprès des commerçants, ou de votre hôtel.
A noter : sur la carte satellite ci-contre, seule l'antique maison est visible – un vaste bâtiment plus moderne, faisant office d'annexe du musée et de salle de conférences, a depuis été construit sur le terrain vague adjacent.
Infos pratiques
Les fiches thématiques sans ancrage local particulier ne sont pas épinglées sur la carte.