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Quelques précisions
La Parc Noel Kempff Mercado possède une superficie de 15.324km² (soit la moitié de la Belgique), et c'est une des portions les plus vastes et les mieux conservées de la forêt amazonienne (notez que le Río Paragúa est un affluent de l'Amazone).
Le Parc National fut créé en 1979, sous le nom de Parque Nacional Huanchaca, du nom du plateau qui le couronne. Il tient son nom actuel d'un botaniste bolivien, Noel Kempff Mercado (1924-1986), explorateur passionné de cette portion de forêt amazonienne. Ce qu'à l'époque le brave naturaliste ne savait pas, c'est que le parc était un bastion du narcotrafic ; sur les hauteurs de la Serranía de Huanchaca, la partie boisée cachait une importante fabrique de cocaïne, tandis que la partie en savane permettait les allées et venues des avionnettes chargées d'exporter le précieux chargement. Le 5 septembre 1986, l'avion du botaniste et de ses assistants se posa par erreur sur l'aérodrome clandestin. Ils y furent accueillis par des rafales de mitraillettes, qui ne laissèrent sauf qu'un seul membre de l'équipage, qui parvint à se cacher dans un terrier de tatou et put ensuite s'échapper. Le professeur, lui, y laissa la vie. A partir de cette tragédie, la lutte contre les narcotrafiquants prit une tournure plus sévère, et en quelques années le parc fut nettoyé de toute activité illicite.
En ce qui concerne les conditions climatiques, il va sans dire que la forêt amazonienne est fort chaude et, surtout, terriblement humide, voire suffocante. S'y aventurer requiert de la patience et pas mal d'abnégation. Les nuits en revanche peuvent être fraîches. Nous tenons même à signaler qu'à certaine époque de l'année, le climat peut devenir vraiment et brutalement hivernal. C'est exceptionnel, mais en juillet 2010, alors que nous venions tout juste d'achever notre excursion, de retour à San Ignacio de Velasco, une vague polaire plus forte qu'à l'accoutumée est remontée d'Argentine jusqu'ici, et en moins de 24 heures nous passions d'un état de sudation extrême à une situation où nous devions enfiler manteaux, polaires, gants, bonnets et même collants (!) pour endurer cet hiver brutal et implacable. Donc, en hiver (juillet-août), soyez prêts à parer l'imprévisible...
Côté activités, il y a deux secteurs “touristiques” ; Flor de Oro, au nord, centré autour de la magnifique cascade Arco Iris (Arc-en-ciel), à laquelle on accède en bateau ou en hélicoptère et qui ne présente guère d'autre intérêt que panoramique – l'Amazonie en short et en tongs, donc. L'autre secteur, Los Fierros, au sud, est autrement plus aventureux ; c'est celui que nous vous proposons ci-après, en vous relatant le parcours que nous avons effectué en 2010 (l'état des pistes et des sentiers peut avoir beaucoup changé depuis).
Comment y aller ?
La ville la plus proche est San Ignacio de Velasco, localité de majeure importance sur la circuit des
Missions Jésuites des Chiquitos, située à quatre bonnes heures de route et de piste poussiéreuse (ou boueuse en saison humide) de
Santa Cruz de la Sierra.
C'est à San Ignacio que vous devrez organiser votre expédition. Ne partez pas bille en tête à l'aventure ! Voir notre section contact plus bas.
Ceci fait, depuis San Ignacio, il faut prendre au nord-ouest la piste vers Concepción ; après une quarantaine de kilomètres, au hameau de Ruiz del Carmen, au carrefour en patte d'oie : prendre à droite une autre piste qui part plein nord. S'en suit une équipée de 200 kilomètres à travers des savanes peuplées de termitières, des bananeraies géantes, des portions miraculeusement préservées de selva. Suivant les saisons, la piste peut être une patinoire infâme de boue, ou un rodéo éprouvant d'ornières et de bosses. Dans tous les cas, prudence et patience ; la piste est large et ne présente pas de danger particulier. Une vingtaine de villages poussiéreux jalonnent le parcours. Vous n'y trouverez aucune station service et peu de commerces. Le point de chute se situe au hameau de La Florida.
Une fois à La Florida, il faut entrer dans le Parc National, une formalité moins simple qu'il n'y paraît, car il faut franchir le Río Paragúa sur un radeau ; une opération qu'il faudra réaliser avec prudence. Vous devez ramener le radeau sur votre côté de la berge en tirant sur le câble, positionner les rampes, y transiter avec l'auto, la stabiliser sur le radeau (frein à main obligatoire) ; le déplacement du radeau s'effectue depuis le radeau-même, en faisant défiler le câble ; sur l'autre rive, stabilisez, positionnez les rampes et descendez prudemment. Attention : au moindre coup d'accélérateur trop vigoureux, ça n'est pas la voiture qui avancera mais le radeau qui reculera et les rampes pourraient bien dégringoler dans la rivière... Soyez extrêmement prudents. De toute façon, vous devrez être accompagné par un guide.
De l'autre côté, c'est la jungle. Le Parc débute un peu plus loin sur la piste. En 2010, ladite piste était en court de réhabilitation ; des équipes de costauds s'acharnaient à débroussailler le passage, assaillis par des centaines d'abeilles. Au vu de la vitesse à laquelle la selva reprend ses droits, nous ne saurions induire l'état actuel de la piste... Ne vous aventurez pas sans une auto adaptée, c'est à dire : un véritable 4x4, bien surélevé. Nous avons eu de graves problèmes mécaniques avec le nôtre, trop bas. Notre guide avait par ailleurs installé un grillage devant la calandre pour empêcher que trop de végétation ne vienne s'y embistrouiller, ce qui aurait occasionné une dramatique surchauffe du moteur, d'ailleurs soumis à rude épreuve sous le couvert étouffant de la selva – car même après un débroussaillement minutieux, la selva se referme irrésistiblement au-dessus de nos têtes. Il fait chaud, très chaud.
La piste qui s'enfonce dans le parc présente également de plus terribles dangers encore. Régulièrement, de petits arroyos surgissent d'on ne sait où et viennent interrompre la piste ; une paire de planches en permet le prudent franchissement, mais, le hic, c'est que, si la piste n'est pas correctement débroussaillée, fossé et planches disparaissent dans le fouillis des hautes herbes qui arrivent jusqu'aux vitres – le fossé d'un ou deux mètres de large (et autant de profondeur) s'ouvre donc sous vos roues sans même que vous le voyiez... Des signaux sont accrochés aux arbres pour prévenir l'existence de tels coupe-gorges ; mais sans l’œil averti d'un guide, vous risquez bien de les rater. Un accident à cet endroit serait fatal.
Par ailleurs, d'autres obstacles peuvent surgir sur votre route ; un tronc d'arbre écroulé en travers du passage est monnaie courante. Il faut donc se munir d'une hache solide ! A un moment donné, notre guide a même dû tailler dans une bananeraie pour pouvoir contourner un obstacle majeur.
Quelques clairières couvertes de savane s'ouvrent de temps à autre ; la vue est alors dégagée, mais la piste devient un infernal tape-cul d'ornières et de bosses ; roulez au pas !
Suivant l'état de défrichement de la piste, vous vous aventurerez plus ou moins loin en auto dans le parc. Sachez vous arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Arrivé à un certain point, il est absolument impossible de faire demi-tour ; et imaginez une marche-arrière dans de telles conditions (surchauffe, fossés)... En revanche, vous pouvez abandonner tranquillement votre auto quelques jours à l'endroit décisif ; personne ne viendra vous la voler.
Ultime recommandation : n'oubliez pas les jerricans ! Depuis San Ignacio de Velasco, aller et retour, il y a au moins 500 bornes ; et aucune station service ni revendeur fiable. N'allez pas acheter de l'essence frelatée, ça n'est vraiment pas le moment.
Chemin faisant, vous parvenez bientôt à Los Fierros (voir la situation fort dégradée des installations dans la section hébergement ci-après). Puis, peu après Los Fierros, dans une grande clairière de savane, un embranchement dessert les deux principaux secteurs qui justifient que l'on quitte l'habitacle (faussement) sécurisant de l'auto pour continuer à pied.
Tout droit, la piste réintègre bientôt la forêt, puis devient intransitable en auto. Continuez à pied. En quatre à six heures de marche intense et pleine d'embûches, vous atteindrez le campement d'El Encanto (voir hébergement). De là, faites un aller-retour (trois heures) à la belle cascade d'El Encanto qui, après toute cette marche en forêt, mérite bien son nom de “L'Enchantement”. Un enchantement un rien maléfique cependant, car des parasites microscopiques fréquentent les lieux (par ailleurs, extrêmement frais) et vous feriez mieux de ne pas vous baigner, ni même de vous affaler trop longuement sur les rochers qui entourent le petit lac... Du reste, c'est un endroit remarquable pour observer les singes-araignées qui escaladent la falaise en famille. Le rebord de la falaise marque le couronnement du plateau (ou serranía) de Huanchaca.
C'est le second secteur d’intérêt de cette portion méridionale du parc. Rebroussez chemin jusqu'au campement d'El Encanto, puis jusqu'à votre auto, et revenez jusqu'à la grande clairière de savane, à l'embranchement. Prenez cette fois-ci à droite (c'est-à-dire à gauche lorsqu'on vient de Los Fierros), et poursuivez jusqu'à ce que cela ne soit plus possible (en 2010, il y avait une vague aire de stationnement). Laissez alors l'auto. Nous avons campé à proximité (près d'un bout d'arroyo rachitique), puis le lendemain nous sommes montés sur le plateau – cela prend pas mal de temps, comptez bien trois ou quatre heures pour atteindre le pied de la falaise, puis une heure de montée assez pénible. Mais le jeu en vaut la chandelle : en haut, sur le rebord de la Serranía de Huanchaca, le paysage est dégagé, la savane lumineuse et – cerise sur le gâteau – il y a du vent ! Après trois jours sous le couvert étouffant de la forêt tropicale, à transpirer sans interruption et à suffoquer par moments, ce petit zéphyr sec et tiède vous semblera une caresse divine ! De là, vous pouvez traverser la savane, observer les reliquats de la présence des narcotrafiquants (moteur d'avion, moto), vous baigner (cette fois-ci sans danger) dans de fabuleuses piscines naturelles, et réintégrer la lisière de la forêt pour camper. Le lendemain, à l'aurore, retour sur la savane, pour un spectacle magique : une multitude de parabas, grands perroquets jaune et bleu, caquète à qui mieux mieux et volète d'un palmier à l'autre. Retour dans la journée jusqu'à l'auto, puis à Los Fierros, puis à La Florida. Retour à San Ignacio le lendemain.
Où dormir ?
A La Florida, il y a une petite auberge avec des chambrettes rustiques ouvertes aux quatre vents, ma foi fort agréable. Le logement et le repas devront avoir été réservés depuis San Ignacio (voir partie contact ci-après). Dans l'enceinte du parc national, quelques installations ont été aménagées au début des années 2000 : un important centre de visiteurs à Los Fierros, au cœur du parc, avec cabanes et sanitaires, ainsi qu'un groupe de cabanes du côté de la cascade El Encanto. Lors de notre passage en 2010, tout avait sombré dans le plus désolant chaos : Los Fierros étaient envahis d'un nombre incalculable de papillons (passe encore), fourmis, guêpes et abeilles, et toutes les installations étaient dans un état fort avancé de délabrement. Quant au campement d'El Encanto, il était bel et bien englouti par la forêt, à l'exception d'un petit kiosque sous lequel nous avions dressé notre tente. A noter : la rivière adjacente apporte un peu de fraîcheur.
Contacts, horaires, informations diverses
Il serait grandement dangereux de s'aventurer seul dans le parc. Comme vous l'aurez compris en lisant nos commentaires ci-dessus, l'état des pistes est aléatoire et réserve des pièges redoutables. Les sentiers sont quant à eux la plupart du temps invisibles, et il faut un guide expérimenté pour retrouver les traces, non sans parfois quelques hésitations et quelques égarements même (alors imaginez-vous tout seul !). Et puis, s'aventurer sans guide dans la forêt amazonienne, c'est passer à côté de tout un tas de connaissances botaniques et animalières que les autochtones dispensent avec bonne volonté.
En ce qui nous concerne, nous avons recouru aux services d'un certain Don Eduardo, demeurant à San Ignacio de Velasco (demandez sa maison aux passants, c'est un homme connu). Il s'est chargé de nous trouver un intendant (Sider, un jeune garçon de 18 ans à l'époque, fort sympathique), qui nous a accompagnés au marché pour acheter vivres et matériel ; Don Eduardo est également entré en contact téléphonique avec un habitant de La Florida (à 200km), pour nous servir de guide une fois sur place : Vincente. Ensuite de quoi, nous sommes partis avec notre auto et notre intendant, jusqu'à La Florida, où nous avons retrouvé Vincente. Et le lendemain, nous pénétrions dans le parc...
Les fiches thématiques sans ancrage local particulier ne sont pas épinglées sur la carte.