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Rodrigo, le Poulain de Córdoba
le roi du cuarteto, chanteur précoce, charismatique et carrément beau gosse, avait tout pour plaire ; sauf peut-être son addiction à la Quilmes... Cruelle ironie, c'est à proximité de la fameuse brasserie de bière nationale qu'il rejoignit son alter-ego féminin, Gilda, sur la liste des martyrs de la cumbia.
Quelques précisions
Rodrigo Alejandro Bueno est né à
Córdoba en 1973. Et comme tout Cordobais qui se respecte (à moins d'être
caté, autrement dit d'une autre “
categoría” sociale – bref : d'un milieu huppé), sa famille ne jure que par le
cuarteto, variante régionale de la
cumbia, style musical tropical très populaire de la Colombie au Río de la Plata. Aussi, lorsque le petit Rodrigo montre de réelles prédispositions pour la chanson, son père le pousse dans cette voie. Et en plus, La Mona (figure emblématique du
cuarteto) est un ami de la famille ! De
fiestas familiales en exhibitions locales, le chanteur prodige gagne en notoriété et bientôt il passe à la télé et puis, abandonnant l'école à 12 ans, le voilà lancé, au niveau national : disques, concerts, tournées, etc. Ado à la chevelure abondante et indomptée, il se fait un surnom :
El Potro, le Poulain, qui lui restera.
Les années passent et le succès ne se dément pas. El Potro Rodrigo enchaîne les concerts à une cadence frénétique : entre 25 et 30 shows par semaine ! Quand on sait l'énergie que dépense un chanteur de cuarteto sur scène, on craindrait pour sa santé... Et de fait, le poulain renâcle un peu, et s'adonne de plus en plus à la bière. Fini le look eighties aux cascades de bouclettes un peu fleur bleue, on sort les ciseaux pour les années 90 et on teste des colorations improbables, bleu encore. Côté texte, la maturation apporte son lot de doutes existentiels et de revendications classiques. Il se marie deux fois, fort brièvement, et a deux enfants. En avril 2000, il triomphe au Luna Park, dans une mise en scène façon match de boxe, anthologique. L'apogée de l'artiste ? Il annonce une tournée latino-américaine, puis prétend mettre un terme à sa carrière, mais lorgne aussi vers les États-Unis...
Le 24 juin 2000 en décide autrement. Il vient d'achever un concert à La Plata. Il est tard, mais Rodrigo insiste pour rentrer à Buenos Aires, à une petite heure par l'autoroute. Il prend le volant, en compagnie de son ex-femme, de son fils, et de trois amis du showbiz. A hauteur de la ville de Berazategui, il se lance dans une course poursuite avec un autre conducteur. Fatigue ou alcoolémie, Rodrigo perd le contrôle de la voiture. Il est 3h30. Il y aura deux morts, dont le chanteur. C'est une tragédie nationale.
Ni rocker ni bluesman, il rejoint cependant les Morrison et autres Hendrix dans le très select Club des 27 (âge de leur mort). Pas davantage chanteur de tango, il est décédé le jour anniversaire de la mort de Carlos Gardel. En voilà assez pour faire de lui une icône.
Le chanteur est enterré au cimetière de Monte Grande, dans la Province de Buenos Aires. Mais sur les lieux du drame, dans une contre-allée de l'autoroute de La Plata, les
aficionados ont dressé un petit sanctuaire pour honorer sa mémoire. A l'inverse de
Gilda, l'autre grande figure tragique de la
cumbia, aucun miracle n'a encore été attribué à El Potro. Mais la ferveur populaire s'est emparée de sa légende, ainsi que les maisons de disques – l'un de ses albums posthumes s'intitule «
Un largo camino al cielo » (La longue route vers le ciel).
Comment y aller ?
Le sanctuaire consacré à El Potro Rodrigo se trouve au kilomètre 26 de l'autoroute de Buenos Aires à La Plata, côté retour vers Capital. Un panneau indique la sortie.
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