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Quelques précisions
Suite aux grandes explorations des années 1860 menées en Patagonie par le Commandant Piedra Buena et le
Perito Moreno, le potentiel minier de cette vaste région désertique se laissait pressentir... et désirer. En 1870, le Président Sarmiento promettait d'offrir une coquette récompense à qui dénicherait enfin un gisement exploitable. Ce ne sera chose faite qu'en 1887, lorsque le lieutenant de vaisseau Agustín del Castillo (que de marins décidément dans cet univers si continental !) identifia cette boucle du río Turbio comme un important gisement carbonifère. Avec un nom pareil (
turbio signifie “trouble”), l'endroit semblait prédestiné... Mais l'extraction n'était pas encore au programme ; trop loin, trop onéreux.
Éclate bientôt la Seconde Guerre Mondiale. Alors que la demande mondiale en charbon explose avec les besoins militaires que l'on devine, les autorités argentines entendent donner à Río Turbio une impulsion décisive. En 1941, la compagnie pétrolière nationale
YPF crée sa division carbonifère, qui se consacre alors pleinement à l’exploitation de Río Turbio. Une Mine 1 est ouverte en 1943, puis la Mine 2 en 1947 et la Mine 3 en 1950. La cité ouvrière contiguë s'étoffe, les logements collectifs se bâtissent à touche-touche. La petite ville de Yacimientos Río Turbio est née. Demeure toutefois un problème de taille : le transport.
Dans un premier temps, le charbon est acheminé en camions, jusqu'à Río Gallegos, sur la Côte Atlantique. De là, des bateaux embarquent la noire cargaison pour la remonter vers le bassin industriel du Río de la Plata. Cependant, le bilan énergétique est négatif, les camions consommant davantage de combustible qu'ils n'en transportent... On les remplace bientôt par des camions anglais à vapeur, guère plus rentables. Puis, avec l'essor spectaculaire de Río Turbio, on se prend à voir grand et on envisage la construction d'une ligne de chemin de fer dédiée. Les travaux ne durent qu'un an, de 1950 à 1951. Un exploit, doublé d'un record symbolique : celui de la ligne ferroviaire industrielle la plus australe du monde. Le Ramal Ferro Industrial de Río Turbio (RFIRT – Section Ferroviaire Industrielle de Río Turbio) est né. Le nom de “Eva Perón” dont on l'affuble à la naissance ne résiste pas à la chute de Péron, en 1955.
En 1958, consécration de près de deux décennies d'efforts, YPF se scinde et YCF voit le jour : les Yacimientos Carboníferos Fiscales (Gisements Carbonifères de l'État) ont désormais les coudées franches pour mener à bien l'exploitation autonome et rentable de Río Turbio.
En 1983, le port de Río Gallegos, à la capacité insuffisante et par ailleurs trop sujet aux marées, est abandonné au profit d'un nouveau quai, le Muelle Presidente Illia, bâti à l'embouchure du río Gallegos, près de Punta Loyola.
La mine hélas traverse une époque sombre. Malgré la construction du nouveau terminus ferroviaire de Punta Loyola, raccordé en 1995 au flambant Muelle Illia, les privatisations des années 90 ont raison d'YCF, qui ne survit pas à son repreneur, emporté par la crise argentine de 2001.
L'éclipse, heureusement, est de courte durée. Dès 2002, la Nation décide le rachat partiel de la société, initiant alors un long et laborieux processus de re-nationalisation des anciennes entités nationales (YPF, Aerolíneas, etc.). Pionnier d'une ère nouvelle, le conglomérat national-provincial-privé YCRT (Yacimientos Carboníferos de Río Turbio) est aujourd'hui une compagnie solide, avec des réserves estimées à 697 millions de tonnes. Cependant, ses modestes capacités d'extraction demeurent un frein sérieux à son expansion et, malgré de ponctuelles exportations vers le Chili, la production est encore destinée à la seule consommation nationale.
Par ailleurs, l'actuel projet de “Mega Usina” thermique, à Río Turbio même, fait déjà polémique. Outre ses impacts environnementaux néfastes, c'est la viabilité du projet qui est questionnée. En l'état actuel, la mine ne parviendrait à fournir que 20% du charbon nécessaire au bon rendement de la Mega Usina. Un partenariat avec le Chili sera-t-il la clef du succès ? Qu'adviendra-t-il des infrastructures ferroviaires et portuaires une fois la mine accaparée par l'usine thermique ? Beaucoup de questions n'ont semble-t-il pas encore trouvé de réponse en 2015...
Comment y aller ?
Río Turbio se trouve à 8km de la
Ruta 40, dans son secteur le plus sud-occidental. Nous sommes à 250km au sud d'El Calafate (
Parc National Los Glaciares) et à 277km à l'ouest de Río Gallegos. De l'une à l'autre de ces deux villes, on peut cependant éviter Río Turbio et couper bien avant, par la RP5 – une économie de 200km !
Río Turbio est notoire pour offrir l'une des rares portes d'entrée terrestres de l'extrême sud chilien (Région XII) ; trois routes franchissent la frontière à proximité de Río Turbio, pour atteindre Puerto Natales au Chili, et de là le fameux Parc National Torres del Paine. La plus directe emprunte le Paso Dorotea ; comptez une trentaine de kilomètres.
Contacts, horaires, informations diverses
En ville, à Yacimiento Río Turbio, se trouve le Museo del Carbón (“Musée du Charbon”, bien entendu). Une visite intéressante que nous n'avons pas eu le temps d'effectuer, mais que nous recommandons.
A noter : il y a sur les hauts de Río Turbio une petite station de ski, baptisée Valdelen. Elle compte 5 pistes, 1 hôtel et 1 restaurant. Pour amateurs impénitents uniquement.
Les fiches thématiques sans ancrage local particulier ne sont pas épinglées sur la carte.