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s'il est une qualité qui colle à cette province plus qu'à toute autre, c'est bien la démesure : la plus grande de Patagonie en superficie, c'est aussi la plus vide, et ceux qui s'y aventurent autrement qu'en avion ne peuvent que s'y sentir vains, et errer perplexes des titanesques glaciers andins aux gargantuesques troncs des forêts pétrifiées.
Région : Patagonie
Population : 197191 hab. – Superficie : 243943 km²
Capitale (population) : Río Gallegos (79072 hab.)
Climat : climat patagonique sec, aux températures modérées ; hivers très froids – pluvieux (neigeux) sur la cordillère et parfois en plaine.
Ce que nous avons visité
Viedma Ice Trek : un glacier est un terrain fantastique d'exploration, truffé de niches, crevasses et arrêtes surprenantes, sans oublier quelques recoins caverneux qui se dissimulent sous la masse de glace. Avec crampons et piolets, partons à la découverte du plus impressionnant des Géants de Glace de la Patagonie argentine.
Laguna de los Tres (El Chaltén) : on croirait la mâchoire de quelque titan enfoui sous les névés, ses chicots bigornés comme mordant le ciel avec rage. Au creux de ce gosier granitique, la petite lagune glaciaire offre un point de vue stupéfiant sur ces icônes de l'andinisme que sont le Fitz Roy ou le Poincenot. Le paradis du randonneur en Patagonie.
Pasos del Viento & Huemul : cette boucle panoramique peu transitée effectue le tour du robuste Cerro Huemul et constitue un époustouflant belvédère sur le Champ de Glace Sud. Deux jours durant, on contemple cette immensité glacée, crevassée, balafrée de sombres moraines, avant de redescendre sur le Lago Viedma turquoise où dérivent les icebergs. Sublime !
Cueva de las Manos : ce pourrait être le dernier mural minimaliste d'un peintre vindicatif ; de cette multitude de paumes noires, rouges et ocres accumulées à touche-touche, parfois superposées, émane une frénésie proche de l'angoisse... Les balbutiements spirituels des premiers Patagons ?
Lacs Posadas & Pueyrredón : un Arc de pierre d'une grâce invraisemblable émerge des profondeurs, tel la voûte d'une nef troglodytique. Non loin de là, l'isthme fragile, qui distingue les eaux inégalement bleues des lacs jumeaux, fait songer à un rempart englouti. Au pied de la cordillère, parmi les salitrales hostiles, on songerait aux ruines d'une Ys andine...
Lacs Carrera & Buenos Aires – aperçu
Río Turbio : plus qu'une mine, ce gisement carbonifère des Andes australes est une épopée historique qui mêle l'exploit quotidien des mineurs à la réalisation de prouesses techniques telles que la ligne de chemin de fer du RFIRT ou le port de Punta Loyola. Une aventure dans les eaux “troubles” d'une énergie sale mais fort rentable.
Musée des Pionniers : si d'aventures vous échouiez à Río Gallegos, capitale austère de la Province de Santa Cruz, sachez qu'à l'instar des colons d'antan venus y chercher une prospérité aléatoire, vous trouveriez porte ouverte à la Casa Parisi. A défaut d'y camper, cette belle demeure devenue musée est la meilleure option pour tuer le temps, à 300km à la ronde...
Épave du Marjory Glen : drôle de “monument” que ce trois-mâts de la marine marchande britannique échoué sur la grève du Cap Loyola. Depuis plus d'un siècle, sa silhouette démâtée constitue un repère familier sur le littoral, et sa cale béante un extraordinaire terrain de jeux, ainsi que l'habitat de plus d'un oiseau marin. Récit d'un naufrage rocambolesque.
Perito Moreno : gare aux homonymes ! Si vous croyiez y trouver le fameux glacier du même nom, vous risquez fort d'être bredouille... Mais pas dépité pour autant ! Car ce parc-ci est bien plus sauvage et sa beauté naturelle semble l’œuvre d'un orfèvre : la péninsule Belgrano est un camée sculpté sur un lac de turquoise...
Los Glaciares : pendant austral de la machinerie aquatique d'Iguazú, les cataractes sont ici figées en de tentaculaires glaciers aux reflets blancs ou bleus, qui rabotent les Andes. Si la tendance générale est au repli, le Glacier Perito Moreno, lui, continue de progresser, massif, convulsif, explosif.
Bosque Petrificado de Jaramillo : au beau milieu de l'aridité implacable de la steppe gisent des troncs de plusieurs dizaines de mètres de long, et d'un diamètre qui force l'étonnement. Certains entiers, d'autres fracassés en bûches colossales. Mais le plus étrange est que ces reliques antédiluviennes sont totalement pétrifiées...
Ría Deseado : il règne dans cet estuaire une atmosphère terrible de cataclysme en suspens. Entre ses falaises rougeâtres, le vide s'est fait, la mer s'est retirée, laissant un large lit craquelé au milieu duquel se tortille un ruisseau à l'agonie. Descendons prudemment fouler le sol moelleux de ce canyon inquiétant... L'océan au loin gronde et gonfle.
Los Antiguos (Lago Buenos Aires) : serait-ce la cerise sur le gâteau ? La Fête Nationale de la petite drupe vermillonne se tient tous les ans dans ce village sis au bord du plus grand lac de Patagonie (et de toutes les Andes après l’indétrônable Titicaca). Si toutefois vous ratiez cet événement bucolique, n'en boudez pas pour autant ce havre vivifiant.
Puerto San Julián : ce havre naturel offrit il y a cinq siècles une escale inespérée aux navires de Magellan, lancés à la recherche d'un improbable passage austral vers les faramineuses terres aux épices. Étape cruciale de la première circumnavigation du globe, où le grand navigateur ibérique débordé par ses hommes joua son va-tout – et inventa la Patagonie.
Géographie et thématiques culturelles
Champ de Glace Sud : derrière cette étiquette un tantinet obscure se cache rien moins que la plus importante masse de glace continentale au monde, si l'on excepte les deux champions hors-catégorie que sont l'Antarctique et le Groenland. Le Perito Moreno, le Fitz Roy et Torres del Paine en sont les étendards fameux.
Mer argentine : cette acception n'est pas sans éveiller de virulentes controverses, car les contours de la souveraineté maritime de l'Argentine prêtent à de nombreux litiges. Mais la faune est heureusement apatride, aussi orques, baleines, manchots, lions et éléphants de mer peuvent-ils s'y entre-tuer en toute tranquillité.
Steppe patagonique : de l'avis général, ses panoramas infinis sont d'une monotonie proverbiale, et un vent irascible soufflette méchamment les importuns qui s'y dévoient ; mais il suffit qu'un crépuscule pyromane allume ses champs de coirones et incendie les nuées orageuses qui moutonnent jusqu'à l'horizon pour que la magie de la Patagonie opère.
Forêt patagonique : au contraire des Andes boréales bigarrées et fauves, la cordillère australe est une fresque impressionniste, où le frémissement perpétuel de la lumière sur les reliefs boisés engendre une palette pointilliste dont les nuances se nichent dans un bosquet d'arrayanes ou pétillent sous le pinceau plus audacieux de l'automne.
Otaries (lions, loups et ours de mer) : leur pelage et leur truffe humide inciteraient volontiers aux caresses, mais restons prudents : lorsque, ébrouant sa crinière, le mâle sort de ses gonds pour engueuler sa gueuse, mieux vaut rester à distances! Ces bêtes-là ont des crocs suffisamment affûtés pour scalper un manchot ou gober un bras.
Phoques (éléphants de mer) : un épisode de “Babar à la plage” ne serait pas moins touchant que ces Scènes de la Vie d'un Phoque, dont les heures s'écoulent au rythme effréné d'une succession de siestes, petits sommes, repos, farniente en flux tendu – à peine interrompue par une partie de pêche ou l'attaque sanguinaire de quelques vilaines orques.
Nothofagus sp. : c'est l'arbre emblématique du Sud, qui couvre les reliefs andins de la Patagonie et de la Terre de Feu. Ses différentes espèces adoptent des formes variées, tantôt gigantesques, tantôt rabougries et torsadées lorsque les éléments altèrent son développement. Seule constante : leurs petites feuilles bombées et dentelées.
Hydrocarbures : pompant sans relâche ce qu'il reste du précieux liquide dans les entrailles de la Terre, des régiments de derricks au coude à coude colonisent la Patagonie et se lancent à la conquête de territoires périphériques jadis épargnés, assiégeant avidement les enquiquinantes réserves protégées. Safari parmi ces échassiers d'une nouvelle ère.
Manchot de Magellan : « tenue de soirée exigée », croirait-on lire à l'entrée de ces colonies de manchots, tant il est vrai que leur smoking impeccablement repassé (par des heures de lustrage buccal), leur démarche empruntée et leur dédain affecté donnent le ton d'une soirée mondaine sur la Croisette. Et les paparazzis ne manquent pas !
Skuas (labbes) : cette sale poule jalouse et revancharde éprouve un malin plaisir à terroriser les manchots, dont elle raille les ailes atrophiées ; tournoyant sournoisement au-dessus de leur colonie, elle fond soudain en piqué sur un nid, s'y engouffre brutalement et s'attable pour un quatre-heures gourmet parmi les œufs laissés sans surveillance.
Huîtriers : ce limicole possède un bec long et épais qu'il manie avec une rare habileté pour ouvrir les huîtres et autres mollusques bivalves, en faisant levier. Cependant, le gourmet demeure attentif à ce qui l'entoure – ses petits yeux comme chaussés de lunettes bariolées repèrent-ils un danger ? Aussitôt il émet un cri perçant qui suspend les agapes.
Manchot papou – aperçu
Ruta 40 : elle vous en fera voir de toutes les couleurs, au sens figuré comme au sens propre – depuis les tons fauves du Noroeste jusqu'aux nuances de bleu et de vert des lacs et forêts de Patagonie, c'est toute une palette de paysages grandioses qui défilent sur plus de cinq mille kilomètres, semés de multiples embuches.
Panamericana : de raccordements en prolongements, on ne sait plus très bien au final quel est le tracé officiel de cet axe composite qui irrigue toutes les Amériques – mais ce qui est sûr, c'est qu'après une grandiose traversée des Andes l'Argentine en constitue le laborieux épilogue, tandis que la Terre de Feu s'offre légitimement comme bouquet final.
Andes méridionales, Cordillère patagonique : où sont passés les coloris criards des altières Andes boréales ? Dans sa longue décrépitude australe, la cordillère a subi le démaquillage brutal des glaciations : à grands coups de rabot, de monstrueux glaciers ont limé les crêtes et labouré les massifs, ne laissant derrière eux que pleurs étincelants.
Les fiches thématiques sans ancrage local particulier ne sont pas épinglées sur la carte.
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