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Quelques précisions
Le naufrage du Marjory Glen est survenu en 1911, dans des circonstances assez dramatiques. Cet imposant trois-mâts était sorti des ateliers de Grangemouth, en Ecosse, en 1892. Immatriculé M.V.H.S. 99860 à Glasgow, il mesurait 65 mètres de long pour 10 mètres de creux. Habitué des périples au long cours (il avait effectué un voyage pour l'Australie quelques années avant son naufrage), il était parti de Newcastle le 12 juin 1911 et devait effectuer une livraison de 1800 tonnes de charbon à Río Gallegos, un voyage sans escale de trois mois. Seize hommes constituaient son équipage, entre les matelots, les officiers, ainsi que le capitaine Jans Martin Holmsen, 59 ans, de nationalité norvégienne.
Arrivé au large de Río Gallegos, le bateau est pris dans une tempête qui l'emmène plus au sud vers le Cap des Vierges (Cabo Vírgenes, pointe australe de la Patagonie et de tout le continent). Le navire cependant parvient à rétablir la situation et rebrousse chemin jusqu'à l'estuaire du río Gallegos, où il jette l'ancre le 10 septembre 1911. Mais depuis la veille, des émanations anormales de gaz carbonique ont été détectées dans la cale. On procède alors à l'arrosage de la cargaison, et la fumée cesse. Le 13 septembre, enfin, un remorqueur conduit le navire à quai, devant la petite ville de Río Gallegos, sa destination. La capitale du Territoire National de Santa Cruz n'est alors qu'une bourgade de 1560 habitants.
Le lendemain matin 14 septembre, coup de théâtre : le second pilote et le cuisinier sont retrouvés mort dans leur cabine, asphyxiés. Et de nouveau, la cargaison émet du gaz carbonique en abondance, et bientôt c'est un début d'incendie.
L'équipage est évacué sur la terre ferme. On tente d'éteindre le brasier avec le matériel prévu à bord, en vain. Des renforts interviennent, dont le vapeur chilien “Araucania” qui arrose le Marjory Glen avec ses propres lances à incendie, et on parvient à sauver une partie de la cargaison ; mais le feu reprend de plus belle et le bateau progressivement dérive dans l'estuaire du río Gallegos, mettant en péril la navigation fluviale. Rapidement, l'incendie gagne le pont ; le gréement et la dunette partent en fumée.
Le capitaine est mis aux arrêt le 26 septembre, avant d'être relâché le 9 octobre, faute de responsabilité avérée de sa part. Entretemps, le Marjoy Glen, balloté par les marées et gitant légèrement, est repoussé vers l'embouchure de l'estuaire. Début octobre, enfin, à la faveur d'une tempête, le grand trois-mâts dématé et ravagé par les flammes s'échoue sur la grève caillouteuse du Cap Loyola (Punta Loyola). L'armateur et les compagnies d’assurance se chargeront de la suite de l'histoire.
Six mois plus tard, un autre navire, paquebot rutilant, allait sombrer corps et âme à l'autre extrémité de l'Atlantique, dans des circonstances bien plus tragiques ; mais l'épave du Titanic s'avèrerait plus délicate à repérer. Triste époque pour la marine de sa Gracieuse Majesté.
Le Marjory Glen quant à lui n'a pas bougé d'un pouce. Démâté, évidé, rouillé, il gît la cale à ciel ouvert, pour le plus grand bonheur des oiseaux marins.
Comment y aller ?
Il faut sortir de Río Gallegos au sud par la Nationale 3 (
Panaméricaine), direction Punta Arenas. Une fois franchi le río Carmen Silva, tournez à gauche, direction Punta Loyola. C'est une route très dégradée, pleine de nids de poule. Au bout de la route se trouve le terminus de la ligne de chemin de fer qui relie la mine de charbon de
Río Turbio à son port. Il faut dépasser ces imposantes installations portuaires et poursuivre quelques kilomètres par une piste bosselée qui longe la grève. Impossible de rater l'épave, dont la silhouette se découpe parfaitement sur le ciel.
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