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Drapeau – Formosa
Formosa

cette mince frange de chaco, coincée entre les deux fleuves lunatiques et puissants que sont le Pilcomayo et le Bermejo, est gangrenée d'oasis lagunaires, ou bañados, dont ornithologues et photographes feront leurs délices. Une terre d'aventure, austère et sublime.

Région : ChacoArgentine – région Chaco

Population : 485700 hab. – Superficie : 72066 km²

Capitale (population) : Formosa (198146 hab.)

Climat : mieux vaut éviter l'été, particulièrement torride et ponctué d'orages très violents qui transforment les sols asséchés en véritables bourbiers.

Quelques précisions

Formosa possède une étymologie similaire à son homonyme taïwanaise : cette dernière fut en effet baptisée “ilha formosa” (« belle île ») par les Portugais ses découvreurs, tandis que la première le fut pareillement par les Espagnols, “formosa” étant une forme dérivée de “hermosa” : « belle ».

Ce que nous avons visité

Réserves

Bañado La Estrella : un beau jour, le Río Pilcomayo entreprit de sortir de son lit – pour ne plus jamais y retourner ; ainsi naquit le troisième humedal le plus important d'Amérique du Sud, vaste zone humide où ne cessent depuis lors d'affluer des myriades d'oiseaux. Le paradis des ornithologues en Argentine, tout simplement.

Géographie et thématiques culturelles

H2O

Río Paraguay : cet affluent majeur du Paraná baptise un État paranoïaque qui n'en put jamais contrôler ni la source ni le débouché maritime, et subit son cours tel un rideau de fer scindant le pays en deux régions que tout – écosystèmes, cultures, développement – oppose dédaigneusement. Un fleuve qui, partant, gagne à être franchi plutôt qu'emprunté.

Écosystèmes

Chaco Húmedo : cette marge plus humide du terrible Chaco est agrémentée de véritables oasis de vie (sinon de fraîcheur). Bosquets de quebrachos ou palmeraies de carandais ombragent une ribambelle de lagunes où s'abreuve quelque gracieux guazuncho, sous l'œil attendri de caïmans faméliques...

Chaco Seco : si l'épithète “impénétrable” lui colle à la peau, ce n'est pas tant en raison des rudes conditions climatiques (avec 45°C en été et peu d'eau, le terme approprié serait plutôt “invivable”) que de la densité des plantes xérophiles qui ont vite fait de coloniser toute ébauche de piste. Il faut être myrmécophage ou Mennonite pour y subsister !

Zoologie

Ciervo de los Pantanos : son splendide pelage orangé (qu'il protège par d'élégantes chaussettes noires) le distingue majestueusement des caïmans grisâtres et autres carpinchos visqueux ses voisins, comme du vert omniprésent des “embalsados”, ces radeaux de mousses agglomérées où cette espèce menacée trouve ses dernières planches de salut.

Guazuncho (Daguet gris) : voici la doublure de Bambi pour les scènes tournées en zone torride – notamment Crocodile Bambi et le mythique corps-à-corps avec les yacares (plusieurs doublures y ont laissé des poils). A la ville, ce gracieux cervidé est plutôt farouche, et ne se départit jamais du précieux anonymat d'une paire de lunettes fumées...

Yacaré (Caïman) : pour un peu, on ne l'aurait même pas vu approcher... Voguant juste sous la surface de l'eau, ses mirettes globuleuses seules émergeant, un intempestif réflexe caudal l'a trahi en éclaboussant la coque de notre esquif... Ces monstres ont beau bouder la chaire humaine, 3 mètres de long, tout de même, ça n'est pas rien...

Singesaperçu

Industrie

Charbon de quebracho : jadis victime du génocide écologique perpétré par l'industrie tannique, le quebracho est aujourd'hui la cible d'un secteur moins vorace mais qu'on aurait tort de mésestimer au royaume de la parrilla : le charbon de bois. Au cœur du fruste Chaco, la production demeure souvent artisanale...

Ornithologie

Chiricote & Ipacaá : du barouf cacophonique qu'émet une bande de chiricotes survoltés, mêlé des couinements lugubres de leurs cousins les ipacaá, émane une polyrythmie troublante, étrangement décalée et pourtant synchrone, techno minimaliste lancinante ou partition futuriste qu'un Ligeti n'eut pas reniée. Hypnotique !

Chajá : son cri pathétique se répand d'un bout à l'autre des vastes “llanos” mésopotamiens, « chajá! chajá! », signalant l'approche d'un prédateur, « chajá! chajá! », plus sûrement photographe que jaguar, « chajá! chajá! », et la grosse poule d'eau pataude et moche s'envole à tire-d'ailes comme une baudruche échappée d'une fête foraine.

Dévotions

San La Muerte : avec son look caricatural, tout droit sorti d'un pathétique film d'épouvante, cette Grande Faucheuse des bas-côtés incite davantage à la rigolade qu'à la dévotion. Pourtant, il serait fâcheux de s'y méprendre – car ce Santito-ci n'a rien d'un saint, et il vous fera passer l'envie de ricaner d'un coup de mauvais sort !

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