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Quelques précisions
Depuis la
Revolución de Mayo, en 1810, les Espagnols tentent de reconquérir leur colonie en rupture de ban ; après d'infructueuses tentatives par la façade atlantique, ils concentrent leur effort sur la frontière du nord-ouest. En effet, le Pérou est demeuré le cœur du Vice-Royaume, et c'est depuis cette base que les troupes
realistas entreprennent la reconquête. Le Haut-Pérou (future Bolivie) et les provinces
argentines de Jujuy et Salta sont le théâtre d'affrontements sans fin, au gré du flux et du reflux des deux camps : les “campagnes auxiliaires au Haut-Pérou” se succèdent, les Espagnols contrattaquent jusqu'à Tucumán, sont repoussés, reviennent, et ainsi de suite. En 1817, un an après que les Provinces Unies du Río de la Plata ont finalement déclaré leur indépendance, la situation est au point mort. Pour autant, aucun des deux camps ne saurait en rester là.
Aussi, à l'initiative du
Général San Martín, une nouvelle stratégie est adoptée. La protection de la frontière du nord est confiée au
Général Guëmes, avec pour mission de ne plus passer à l'offensive et de tenir coûte que coûte. Pendant ce temps, à plus de mille kilomètres au sud, San Martín prépare une manœuvre audacieuse depuis la province de Mendoza...
En effet, l'idée de San Martín est la suivante : convaincu que le front du Haut-Pérou est totalement verrouillé par les troupes royales, il faut attaquer là où leur défense est dégarnie, donc le plus loin possible au sud. Aussi décide-t-il de viser Santiago du Chili ; c'est une bourgade secondaire de l'empire colonial, mais si l'on s'en empare c'est une tête de pont idéale pour mener une grande offensive au-delà des Andes. Car le problème majeur demeure la redoutable cordillère ; une fois franchie, il sera bien plus facile de faire campagne, par voie terrestre mais aussi par voie maritime : le Pacifique est un vrai boulevard pour attaquer Lima, la capitale du Vice-Royaume. Enfin, l'effet de surprise serait maximal pour dérouter les Espagnols. Les Andes sont mal gardées par ces derniers, à cette latitude, et pour cause : l'altitude et le climat sont des ennemis bien plus redoutables.
Qu'importe, le plan de San Martín est approuvé par Buenos Aires, non sans peine. Dès lors, il fait de Mendoza sa base arrière, et il y façonne ce qui va devenir le légendaire Ejército de los Andes (l'Armée des Andes). On recrute, on forme ; on construit des canons ; on s'approvisionne. Puis, le 6 janvier 1817, l'armée se met en branle et part à l'assaut de la Cordillère.
Pour s’immiscer dans le labyrinthe andin et optimiser l'offensive contre les Espagnols, San Martín divise son armée en six colonnes. Chacune suivra un parcours distinct, avec en ligne de mire un col, lequel donnera
a posteriori son nom à la colonne : El Planchón, El Portillo, Uspallata (ou
La Cumbre), Los Patos, Guana, Come-Caballos. L'ensemble du dispositif s'échelonne ainsi depuis la province de Mendoza jusqu'à celle de La Rioja. Ce sont leurs itinéraires respectifs qui sont passés à la postérité sous le nom collectif de
Rutas Sanmartinianas (Routes Sanmartiniennes).
Le franchissement des Andes, malgré les périls, se révèlera un succès total, auquel s'enchaîneront côté chilien les victoires de Maipú et de Chacabuco, remportées sur les troupes royales. Le Chili sera ainsi libéré du joug espagnol, et San Martín poursuivra, avec des hauts et des bas, sa campagne libératrice jusqu'au Pérou.
Aujourd'hui, les Routes Sanmartiniennes font l'objet d'une mise en valeur patrimoniale, et leurs principales étapes sont dûment agrémentées de pancartes et autres monuments commémorant cette épopée héroïque, qui marqua un tournant décisif et génial dans les luttes pour l'indépendance de l'Amérique du sud.
Comment y aller ?
De tous les cols mentionnés, un seul est facilement accessible : celui de
La Cumbre. La route sanmartinienne qui lui est associée part (évidemment) de Mendoza, par la RP52 (au nord-ouest de la ville). Cette route devient rapidement une piste, et franchit la Précordillère par la
Cuesta del Año, avant d'arriver à
Uspallata, où l'armée fit longuement étape. L’état major y établit ses quartiers dans les “
bovedas” : ce sont des fourneaux édifiés jadis par des jésuites pour y fondre les minéraux exploités dans la région ; vous pouvez y visiter un petit musée qui présente quelques objets d'époque et de poussiéreuses maquettes reproduisant les principaux épisodes de la traversée des Andes.
Au-delà d'Uspallata, la Route s'identifie à la nationale 7, axe majeur du trafic routier entre Chili et Argentine. Elle dessert le
Parc National Aconcagua et le fameux
Puente del Inca. Peu avant le Tunnel transfrontalier, une bifurcation de terre battue permet de monter, abruptement mais en toute sécurité, au col de La Cumbre qu'emprunta l'Armée des Andes.
Les fiches thématiques sans ancrage local particulier ne sont pas épinglées sur la carte.